Critique Vox Humana
Quel est l’origine d’une catastrophe naturelle ?
C’est la question que nous pose le court métrage Vox Humana réalisé par Don Josephus Raphael Eblahan en 2024.
Après une catastrophe naturelle, un homme est retrouvé dans la forêt par les autorités. Il est nu, corps recourbé, cheveux cachant son regard. On a l’impression de faire face à un animal. Et c’est là que la force du court métrage survient. C’est un souffle, un souffle profond et glacial de la nature. Une sorte de cri venant des profondeur de la forêt.
Gestes calculé, mouvement incarné une biologiste tente d’entrer en contact avec lui. Se trace ici une frontière, l’homme et la nature, cette biologiste, elle, se retrouve pile poil ciselé entre les deux. Comme si elle se trouvait entre deux plaques tectoniques qui s’entrechoquent, tel une confrontation. C’est au travers des plans que l’on ressent cette disparité, des plans d’ensemble qui nous permettent d’observer l’omniprésence mais surtout la force quasi mystique de la nature. Elle en devient presque personnage principal.
Mais si la nature est omniprésente il n’en ai pas moins du son. En parallèle on suit une jeune preneuse de son, qui nous emporte au travers des sensations audibles des montagnes. Ainsi la biologiste, l’homme, et la jeune fille partagerons un secret qui ne tardera pas à se manifester, une nouvelle catastrophe aux conséquences plus lourdes encore.
Un récit qui trace son chemin le long d’une voix qui de nature humaine prend un aspect de long rugissement d’une nature qui renait, prenant le dessus sur la civilisation humaine.
Critique Une soeur
Comment peut-on appeler à l’aide lorsque votre agresseur est à vos côtés ?
C’est le propos du court-métrage de Delphine Girard: une jeune femme se trouve dans la voiture d’un homme dont on comprend qu’il l’a agressé. Prétextant un appel téléphonique nécessaire à sa sœur, elle entre en correspondance avec la police et essaye de communiquer sur sa situation.
Delphine Girard met en scène cet appel sous forme de montage alterné, d’un côté l’opératrice téléphonique des urgences de police qui tente de la sauver en dechiffrant ses messages, et de l’autre cette femme coincée dans une situation terrible.
L’oeuvre se singularise par son ambiance noire et son suspense progressif; le jeu d’ombre sur le visage de l’homme, les plans rapprochés, flous, prise de dos ne montrant que partiellement les visages renforcent la panique, la caméra se tient toujours à l’arrière nous sommes coincé dans la voiture avec la femme, puis en alternance dans le call center de la police qui tente de localiser le vehicule. Dans cet autre espace nous accompagnons essentiellement l’interlocutrice de la femme, “la soeur”.
On est tenu en haleine tout le long du court-métrage, la voix tremblante de la femme et son dos montrant une fragilité nous plonge dans cette angoisse constante de savoir si elle va s’en sortir. L’issue de cette situation ne dépendra ainsi que de la policière.
Deux femmes liées par un appel anonyme, l’empathie qu’elles ressentent l’une pour l’autre, le lien qui se tisse dans ce moment tragique témoigne d’une sororité poignante.